Lettre aux fraternités en ce temps d’épidémie du Covid-19     25 mars 2020      Fête de l’Annonciation

Membres bien-aimés de la fraternité,

En tant qu’équipe internationale, nous aimerions partager quelques réflexions avec vous. Ensemble, nous vivons notre réalité actuelle avec ses graves défis et ouvrons les yeux sur les grâces de notre Dieu fidèle.

  1. Nous partageons une humanité commune.

Nous essayons tous d’accepter les conséquences de l’épidémie du  Covid-19 (Coronavirus). Nous essayons de prendre soin de notre santé et de celle des autres. Nous éprouvons de la peur et de l’anxiété car nous ne savons jamais ni où, ni quand, ni par qui nous pouvons être atteints.

Nous ressentons de l’insécurité en raison de l’énorme impact qui pèse sur l’économie et ses conséquences.

Nous ressentons de la tristesse lorsque nous entendons parler de la souffrance de ceux qui doivent supporter seuls la maladie, ceux qui doivent enterrer un proche sans un adieu approprié, perdre leur emploi, souffrir au niveau de la santé mentale.

Nous pleurons aussi les amis perdus, nos habitudes quotidiennes nous manquent, ainsi que le contact avec les amis, les proches et tous ceux que nous servons.

Nous avons faim d’Eucharistie et de communion.

Nous sommes humiliés.

  1. Nous partageons une spiritualité commune.

Nous avons reçu le don de la foi, de l’espérance et de la charité.

Nous avons rencontré Jésus dans les limites de notre Nazareth.

Nous avons reçu quelques conseils sur la façon de naviguer (des repères pour marcher) dans le désert.

Nous avons reçu la capacité d’élargir nos cœurs, afin qu’ils puissent se dilater jusqu’à atteindre les périphéries, pour devenir des frères et sœurs universels. Nous avons cherché à «marcher ensemble dans l’espérance: en renonçant, en  dénonçant et en annonçant».

Nous avons appris la prière d’abandon.

Nous sommes reconnaissants.

  • Nous sommes les prophètes d’un avenir qui n’est pas le nôtre.[1] Que cette période difficile soit l’occasion de creuser plus profondément dans les eaux douces de notre foi et de notre spiritualité. Puissions-nous ne pas être trop submergés par ce qui se passe et embrasser le présent avec espoir. Comme frère Charles l’a écrit à l’un de ses frères trappistes:

« Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu ; c’est là qu’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul ».[2]

Puissions-nous creuser plus profondément avec frère Charles pour chercher avec amour et détermination totale à :

  • ne pas conserver les modèles et modes de vie précédents,
  • ne pas protéger le statu quo,
  • ne pas habiter dans un confort superficiel, mais se laisser surprendre par Dieu et
  • découvrir de quelle manière Dieu est avec nous aujourd’hui,
  • découvrir comment aimer Jésus, l’imiter et, avec lui, tendre la main aux autres,
  • s’abandonner en toute confiance au Père.

L’équipe internationale de la Fraternité séculière Charles de Foucauld

[1] Citation de St Oscar Romero.

[2] Citation de Bonnie Thurston, Hidden in God. Discovering the Desert Vision of Charles de Foucauld, Notre Dame (In) 2016,68.